-- fire meets gasoline.

❛ I hadn’t even left my room and already my day had taken a U-turn straight to hell.

OBLIGATOIRE. C'est dans cette partie que vous allez décrire ce qui fait que votre personnage est si spécial. ses tics, tocs, habitudes, ce qu'il aime faire, ce qu'il n'aime pas faire, les plats qu'il déteste ou les aliments auxquels il est allergique, on veut tout savoir ! vous pouvez la présenter sous forme de listing ou décrire une habitude en profondeur, c'est comme vous le sentez.

❛ One man’s bad day is another man’s good night.

1988-1991, GALWAY, IRLANDE

T’avais quinze piges quand tu l’avais rencontré, l’innocence chevillée au corps. Lui, il t’avait fait grandir d’un coup, te rappelant comme la vie peut être violente et ne pas faire de cadeau. Il t’avait fait redescendre sur Terre, te reconnectant à la triste réalité. Dès le début, il avait joué franc-jeu avec toi et toi, tu avais accepté les règles sans rechigner. Il étais condamné et tu le savais. T’aurais voulu ne pas t’accrocher mais tu étais déjà trop épris pour le quitter. Tu l’aimais à en crever, l’âme cadenassée à son âme. T’aurais préféré ne jamais tomber amoureux, ça aurait été plus facile, parce que c’est dur d’être celui qui reste. Vous vous embrassiez avec cette fureur de vivre qu’on les gens qui se savent perdus. Tu aimais tout chez lui, son sourire ravageur, ses yeux pétillants, ses lèvres appétissantes, sa langue bien pendue, ses pas de danse endiablés, sa rage de vivre malgré le mal qui le dévorait de l’intérieur. Il vivait chaque instant comme si c’était le dernier et t’as appris à profiter de chaque moment d’existence comme si tu pouvais mourir demain. T’as passé trois merveilleuses années à ses côtés, faites de hauts et de bas mais remplies de tendresse. Tu n’oublieras jamais et emporteras tous ses magnifiques souvenirs six pieds sous terre, tu le lui a promis.  

Puis, ce fut la déchéance, la lente descente aux enfers, un an durant. Les traitements qui ne font plus effet et l’état de celui que tu aimes qui se dégrade. Tu as un pincement au coeur à chaque fois que tu vas le voir à l’hôpital. Tu détestes cet endroit, ça pue et ce blanc est d’une froideur extrême. Tu souris pour ne pas lui montrer que tu as peur. Tu ne peux pas avoir peur, ce n’est pas toi qui a un pied dans la tombe, c’est lui. Tu ne peux guère faire plus que lui apporter tout le réconfort dont tu es capable et être présent. Tu le vois dépérir petit à petit et c’est cela qui te blesse le plus. Tu voudrais te battre pour lui mais tu n’as pas sa force, cela fait bien longtemps que tu as déposé les armes. Tu le supplies de ne pas te quitter, de rester avec toi. Tu lui dis que tu n’es rien sans lui.  

On finit par le ramener chez lui et tu le veilles jour et nuit. T’as trop peur qu’il ne parte sans que tu ai pu lui dire au revoir. Parce que c’est un au revoir, pas un adieu. Tu en es sûr, un jour ou l’autre, vous vous retrouverez. Tu peux lire la douleur sur son corps frêle et la peine sur son visage, lui qui était autrefois si gai. Tu ne supportes pas de le voir ainsi et un jour, il te demande de mettre fin à sa souffrance. Toi tu ne veux pas, tu protestes avant de te faire à la raison. Il ne peut plus vivre ainsi, ce n’est même pas une vie. Alors tu l’étreins une dernière fois, il est tellement maigre que tu as peur de le casser et que tu peux sentir ses os saillants sous tes doigts. Une larme roule sur ta joue mais tu l’ignores. Tu saisis cette seringue et abrège sa torture. Tu caresses ses cheveux avec une douceur infinie et l’enlaces, son corps contre le sien jusqu’à ce que son coeur cesse de battre. Il y a un silence de mort. Le temps qui s’arrête, à moins que ce soit ton coeur qui se soit arrêté à son tour. Tu veux crier, hurler ta douleur mais tous les mots restent coincés dans ta gorge. Tu éclates en sanglots, tu trembles de tout ton corps. Tes yeux sont un océan qui se déchaîne. T’as du mal à respirer, tu manques d’air, tu étouffes, tu suffoques. Tout s’écroule. Il était le seul à savoir t’apaiser. Il te manque déjà atrocement. Quelque chose s’est brisé à tout jamais. Tu te demandes comment tu vas faire pour survivre sans lui. C’était lui le plus fort des deux, tu l’as toujours su mais tu ne lui as jamais dit, tu ne voulais pas passer pour un faible alors que c’était lui qui était malade. Maintenant, tu es seul, seul comme un chien qu’on a abandonné au bord de l’autoroute. Tu as comme un trou béant dans la poitrine que tu ne saurais combler. Tu te sens vide, incomplet et toutes leurs condoléances n’y pourront rien changer. Tu n’en veux pas de leurs mots démunis de sens. Ils ne sont pas désolés, ce n’est pas vrai. Ils l’ont laissé mourir dans l’indifférence la plus totale alors tu te passeras de leur compassion à deux balles.

Cela fait maintenant 27 ans qu’il n’est plus là mais il n’y a pas une journée sans que tu penses à lui. Depuis qu’il est parti, tu n’es plus que l’ombre de toi-même, une pale copie de celui que tu étais. Une partie de toi s’est envolée avec lui et cela te crève de te dire qu’il ne reviendra plus.