Jamais deux sans trois (kyle/silv)

@kyle preston
jamais deux sans trois

Qui dit vendredi soir, dit un arrêt obligatoire au Groove Mansion. Un bar sans grande prétention, où il fait bon vivre mais surtout où il y a du bon groove, soul et de la bonne musique old school, honorant les grands artistes tels que Marvin Gaye, Diana Ross ou Ben E. King. Parfois même, des live band viennent animer les soirées comme celle d’aujourd’hui. Comme d’habitude, c’est aux alentours des 19h55 que j’arrive au bar, accueilli par le même videur. Bien que fort grand et intimidant, j’ai droit à son sourire et son « bon retour silv» habituel. Il me connait, comme tous les autres employés. Je suis une habituée des lieux depuis deux ou trois ans ? Non plus, bien plus longtemps. Je m’apprête à m’installer au comptoir du bar, à ma place habituelle, le seul siège qui donne une vue direct sur la scène. Sauf que cette fois, il est occupé et pas par n’importe qui. Kyle. – Tiens, tiens, on aime me piquer ma place. Quelle surprise. Lui dis-je à son égard. A peine surprise pour vrai dire, ayant parlé de cet endroit à notre dernière sortie, qui était une catastrophe d’ailleurs… – Je ne sais pas ce que tu en penses mais je sens qu’il va avoir un malheur ce soir encore, avec nous deux réunis. Je devrai partir ? Je lui demande en plaisantant à moitié, espérant tout de même qu’il me retienne. Car c’est Kyle. Un garçon qui chamboule mes principes et me pousse à croire qu’il est possible de négocier avec le destin. Un garçon qui lentement prend de la place dans mes pensées désordonnées.

Un vendredi soir habituel. Une envie de sortir. Tu as fini ta journée à dix huit heures. Tu as eu à peine le temps de rentrer chez toi pour te changer. Tu as décidé d’allez dans ce bar dont Silvana parle en bien. Dont elle parle même souvent. Apparemment elle y va régulièrement, elle connait bien les employés du bar. Du coup, tu as envie d’y allez. Tu as envie de connaitre son univers. Savoir comment est l’ambiance là-bas. Surtout, tu te dis, qu’avec un peu de chance, tu risque de la retrouver la bas. De la voir. Tu arrives à dix neuf heures trente. Pas de trace d’elle. Tu te commandes un mojito, puis tu t’installes sur sa place fétiche, cette place dont elle t’a parlé. La seule place qui donne la meilleure vue sur le concert. Tu t’assois. Ton verre en main. Tu sirote légèrement histoire que l’alcool ne te monte pas trop vite à la tête. Jusqu’à ce que tu entendes sa voix. Tu te retournes. Tu la découvre. Elle est tellement magnifique. « Je pense même que tu devrais partir en courant ! On n’est pas à l’abri d’un mur qui s’effondre, une bougie qui brule ou même un attentat ! » Tu la regarde, droit dans les yeux. « Non, reste en fait, je vais assurer tes arrières ! » Tu feras en sorte d’être attentif aux moindres événements pour prévenir les risques. Pas question, qu’une fois encore, quelque chose ou quelqu’un vienne gâcher votre rencard.

Des murs qui tombent, un incendie ou encore un attentat… que des belles paroles rassurantes. Je ne peux m’empêcher de sourire à la fois amusée par ses paroles mais aussi nerveuse car c’est tout à fait possible. Après tout, jamais deux sans trois. Deux rendez-vous qui se sont mal déroulés et pourtant j’en rigole encore lorsque j’y repense. Je me demande même ce qui va nous arriver ce soir. Presque impatiente. Suis-je folle ? Folle de ces yeux en tout cas car il m’empêche de partir comme il me suggérait. Déjà sous son emprise après si peu, oh Silvána, tu es si foutue. – Assurer mes arrières ? Je me permets de douter de tes capacités. Je le dévisage de haut en bas, puis de bas en haut. Un plaisir pour les yeux mais je ne dis rien, ne réagis pas. Je fais même mine d’approuver ce que je dis, hochant même la tête. – Vraiment je doute fort. Une envie de le taquiner un peu, beaucoup même, pour voir ce qu’il peut me répondre. Je tire ensuite la chaise libre près de lui et je m’assois avant de demander un verre de jus de pomme. – Mais bon, on ne vit qu’une fois non ? Par contre, je ne te laisserai pas tranquille si vraiment cet endroit venait à disparaitre à cause de toi, de nous, de nos malheurs. Je me rapproche de lui, le regarde droit dans les yeux, le menace même du doigt car oui, j’y tiens au Groove Mansion. Mon refuge. Mon deuxième chez-moi. Je me fiche pas mal qu’on est des mauvais rendez-vous, tant que cet endroit reste intact.

Jamais deux sans trois. C’est un dicton auquel on tient souvent rigueur. Mais, ce coup-ci, tu dois avouer que tu n’as pas forcément envie que ça arrive. Tu commences à t’attacher à ce petit bout de femme. Tu commences à apprécier de plus en plus sa présence. Tu découvres cet endroit pour la première fois. Tu y es venu parce que tu savais que Silvana y viendrait et que tu pourrais enfin la revoir. Tu ne l’as pas revue depuis le dernier incident. Elle te dit qu’elle à du mal à imaginer que tu pourrais la sauver. Elle te regarde de haut en bas pour s’assurer de ta musculature. « Hey oh ! Je suis capable de sauver une belle demoiselle en détresse hein ! » Tu fais mine de montrer tes muscles. Tu montres un biceps légèrement bombé, qui laisse apparaitre une petite veine sur celui-ci. Une femme sauver est toujours reconnaissante de son sauveur non ? C’est le meilleur moyen pour qu’une fille finisse dans ton lit après tout. Mais bon, tu sais qu’avec Silvana c’est tout autre chose. Tu n’as pas envie de juste la mettre dans ton lit. Tu as envie de vraiment la connaitre. Elle te met alors en garde sur le fait que si tu fais disparaitre cet endroit, elle risque de te traquer et ne plus jamais te lâcher jusqu’à ce qu’elle te tue. « Je vais essayer de faire garder cet endroit intact, si c’est un lieu où l’on peut se retrouver plus souvent… » Tu admets que tu as envie de la revoir. Que tu aimes être avec elle. Que tu aimes sa présence.

Une envie de le taquiner, de le provoquer. Réussi, trop même. Il fait mine d’être vexer, prêt à me prouver le contraire. Il monte son bras et contracte son biceps pour me montrer qu’il a de la ressource. Essaierait-il de m’impressionner juste là ? Peut-être, je n’en sais rien. En tout cas, il a réussi à m’arracher un sourire simplement avec un geste, c’est idiot. En parlant d’idiotie, son bras toujours levé se heurte à mon verre que le serveur vient de me tendre. Je vois alors la scène au ralenti. Un verre qui se bascule. Un verre qui lentement plonge sous la force de la gravité. Des yeux qui regardent impuissamment le verre s’écraser sur mon t-shirt blanc. Un plaisir. – Tu disais capable de me sauver hein ? Je ris tant que c’est absurde et au fond si prévisible. Le serveur s’excuse et me tend aussi vite le premier torchon qu’il trouve sous la main. Il s’excuse plusieurs fois, mal à l’aise. Mais je lui fais signe que je vais bien. D’ailleurs, je ne lui en veux pas. Ni à lui, ni à Kyle. Ou peut-être un peu à Kyle, c’est un peu mon porte-malheur. Et pourtant, j’apprécie toujours autant sa compagnie. C’est presque frustrant. – Je veux bien te croire, tu sais comment protéger cet endroit intact. Nous forcer à quitter le bar, smart move. Je prends la situation avec humour. Je reste positive même. Au moins, il n’y a pas eu de tuerie, d’écroulement ou d’incendie. Il ne s’agit que d’un verre et de moi. Je remercie presque le destin. – Enfin nous forcer… je veux dire me forcer à quitter. Tu peux rester si tu le souhaites. Sans me rendre compte, je parlais de nous au pluriel. Je l’avais inclus dans mon plan alors que nous sommes arrivés ici chacun de notre côté. Peut-être avait-il un autre plan en tête que me retrouver. Qui sait. M'enfin, j'ai bien envie de rester mais avec cette tenue... Je baisse les yeux pour analyser l'ampleur des dégâts et je me rends alors compte qu'on voit littéralement tout... Dieu du ciel.

Un verre de trop. Un verre qui fini par se renverser sur le joli t-shirt de Silvàna. Un t-shirt blanc, qui laisse facilement apparaitre son soutien-gorge ainsi que sa jolie poitrine. Tu esquisse un sourire quand tu la vois se rendre compte de ce que tu viens de faire. Tu n’es décidément pas prêt à assurer ces arrières, ça c’est sur. Tu tentes de l’impressionner, mais tu enchaines les boulettes. A croire que tu fais tout ton possible pour que votre relation n’aille pas plus loin. Décidément. Elle te propose alors de quitter cet endroit avant que tu fasses vraiment une énorme boulette, qui finisse par véritablement détruire ce magnifique endroit. Tu enlèves alors ta veste pour lui mettre sur les épaules, afin de cacher la misère que tu venais de faire. « Je pense que je préfère être en ta compagnie, tu limites les dégâts… » Tu lui souris après avoir laissé un billet au serveur. Insistant sur le fait qu’il pouvait garder la monnaie pour s’en faire un pourboire. C’était la moindre des choses, comme tu venais de l’humilier lui aussi, alors qu’il n’avait rien demandé. « Tu ne m’emmènes pas dans un souterrain malfamé pour faire des expériences sur mon corps j’espère ? » Tu avais sans doute trop regardé de film bizarre ces derniers temps. Cela te donnait des idées particulières sur les intentions de Silvana.