you took my soul wiped it clean / qian.

Ses doigts tapotant le volant de sa voiture, le regard évasif, les pensées s'emmêlant; Fox était clairement dans un état de nervosité totale. Il jeta un rapide coup d'oeil à la petite plante emballée dans le papier cellophane tandis qu'il se demandait si il ne devrait pas faire demi-tour. Il se demandait alors si Qian aimait toujours les plantes d'intérieur. C'était idiot mais durant leurs années universitaires, la demoiselle jurait par ces petites choses vertes qu'elle collectionnait dans sa chambre de dortoir. Fox trouvait ça adorable et chaque fois qu'il en voyait une quelque part, il lui en ramenait. A présent, il se demandait si ce n'était pas un présent trop personnel étant donné la situation. Mais quelle situation? Tout était tellement arrivé si vite; un soir il y a quelques semaines, on lui envoyait un message pour dire que Qian, de retour à Savannah alors qu'il l'ignorait, avait eu un accident. Il n'avait pas pensé plus loin et avait accouru à son chevet sans attendre, découvrant avec beaucoup de soulagement que l'accident n'avait pas été fatal pour la jeune femme. Tout ça avait bien évidemment réveillé quelque chose en lui. Il ne fallait pas se voiler la face, malgré les années passées, il n'avait jamais pu oublier Qian ou encore passer à autre chose. Ses mots et les bêtises sur lesquelles ils s'étaient séparés le hantaient terriblement. Il avait agi comme un vrai imbécile; aveuglé par la peur de la perdre, la jalousie et son immaturité. Lui qui pensait tout faire pour la garder auprès de lui avait, au contraire, mis un mur entre eux. Il savait que leur rupture n'était que le fruit de ses mauvais choix; que Qian avait subi plus qu'elle ne l'aurait du. Mais à l'époque, son égo lui avait empêché de la poursuivre ou même de prononcer ces quelques réparateurs; des excuses sincères. A son réveil, Fox avait été à ses côtés. Cependant, trop confus, il  s'était vite échappé. Elle savait pertinemment qu'il était revenu par après, mais elle aussi, l'esprit brumeux, avait feinté le sommeil pour ne pas le confronter. Résultat, les deux n'avaient pas eu de réelle conversation depuis leurs sois disantes retrouvailles. Fox se demandait si il était bien capable de l'affronter, d'entendre sa voix ou encore d'entendre ce qu'elle avait à dire concernant leur relation passée. D'ailleurs, il se demandait si même elle allait lui ouvrir la porte. Mais il savait qu'il n'avait pas le choix; au moins si ce n'est pas la reconquérir, elle méritait des excuses par rapport à ce qu'il s'était passé à la fin de leur histoire. Il se gara dans la rue en face de chez Qian, tenant son cadeau, la main quasi tremblante. Lorsqu'il se trouva enfin devant la porte de celle-ci; lui qui était d'habitude toujours si sur de lui, était dans une sphère de confusion et d'appréhension. Il se persuadait que c'était la bonne chose à faire, même seule une petite partie de lui en était convaincue. Après avoir sonné à la porte, il attendit. D'un coup, la porte s'entre ouvrit et il aperçut enfin Qian, aussi belle que jamais; comme dans ses souvenirs. Cependant, à son regard, il pouvait voir qu'elle était aussi hésitante que lui; mais son regard montrait aussi du ressentiment. Il pouvait s'en douter. « Salut » dit-il, tandis qu'elle ouvrit un peu plus la porte. Ainsi, il pouvait voir que la jeune femme était en pleine tentative de poterie. Aussi, il ne pouvait s'empêcher de remarquer des jouets éparpillés sur le sol. Qian faisait-elle du babysitting? Cela ne l'étonnait pas, elle en faisait déjà avant; elle était même très douée avec les enfants. De plus, durant ses visites, il avait remarqué la présence d'un petit garçon dans les couloirs, mais il n'avait jamais posé plus de réflexion à ce sujet.  « Hm... poterie hin? Les vieilles habitudes ne changent pas à ce que vois  » lâcha-t-il en essayant de rendre l'atmosphère un peu plus vivable. Elle, n'avait pas changé son regard. Il présenta alors le cadeau.  « Je suis venu t'apporter ça. Pour parler aussi, est-ce que je peux entrer? » demanda-t-il, tentant de cacher sa nervosité.

L'argile devient sèche au fur et à mesure que tourne la tour du potier. Tes mains sont parsemées de couleur terre où le brun se déclare en dégradé de clair, de foncé. La vision est un véritable tourbillon en continu, un peu à l'image de ton esprit saccagé entre présent et avenir. Deux périodes auxquelles tu te dois de faire face en profondeur comme en surface. Donner le change, la tendance a toujours de soi en ce qui te concernait. Tu n'aimais guère que l'on puisse lire en toi comme le serait un livre ouvert. Tu tentais d'y mettre de la prose pour d'abriter derrière des figures de style si complexes qu'il était – parfois – presque impossible de te devenir. Parfois, un terme qui s'accorder avec le visage de ton ex petit-ami. Lui seul parvenait à te déchiffrer et ce malgré son coté enfantin trop prononcé. Une partie de lui qui t'avait fait craquée à l'époque mais qui avait été aussi à l'origine de votre rupture. Tu avais tes parts d'erreur dans l'histoire, tu ne le nies pas. Tu étais celle qui cherchait – peut être – un peu trop à poser les bases d'un sérieux que Fox ne souhaitait pas – ou plus. Assis par terre, la tétine dans la bouche – un objet que tu tentais par dessus de lui enlevait mais qu'il récupérait malgré toi – le doudou a portée de main, ton petit loup s'extasier devant quelques dinosaures et voitures. Des activités de son âge qu'il ne semblait pas avoir oubliée en dépit de l'inquiétude qui nourrissait ses yeux lorsque quelques mois plus tôt, tu avais été victime d'un accident de voiture. A ton image, Henry masquait ses craintes derrière des silences mais ses prunelles brillantes ne manquaient pas de le trahir. Il marmonne quelques mots qui demeurent incompréhensible derrière sa tétine et cela t'arrache un sourire attendrit. Tu secoues la tête tout en trempant le bout de tes doits dans la bassine d'eau juste à coté de la tour. Les crampes dans tes doigts sont douloureuses mais supportable. Tu sais que tu devrais arrêter mais tu poursuis ta tâche, pensant que c'est toujours ça de vaincu. Tu te leurres, c'est pas grave cela fait du bien à l'âme. Remontant tes lunettes sur le bout de ton nez à l'aide de ton coude, la sonnette de l'entrée retentir au même instant. Henry tourne sa bouille vers toi, fronce les sourcils tout en te regardant te lever. Le bruit de la tour cesse son bourdonnement incessant mais l'air interrogatif échangé avec ton fils évoque la surprise du fait que tu n'attendais personne … Tu attrapes un torchon pour t'essuyer brièvement les mains avant d'ouvrir la porte. Ton visage est proscrit d'une méfiance qui s'invite malgré toi lorsque tu découvres Fox devant le pas de ta porte. « Salut ». Muette, le silence est maitre tandis que tu l'observes. Jamais tu n'aurais pensé qu'il viendrait à l'hôpital, encore moins au loft. Tu savais qu'il vivait à Savannah, qu'un jour vous rencontreriez par hasard mais tu avais pris soin de ne pas le croiser. Non pas que tu ne voulais pas mais c'était en réalité compliqué.« Hm... poterie hin? Les vieilles habitudes ne changent pas à ce que vois  ». Sa tentative de détendre l'atmosphère était plus que bienvenue mais tu étais trop perdue dans tes songes pour y répondre. « Je suis venu t'apporter ça. Pour parler aussi, est-ce que je peux entrer? ». Une question simple, une douce attention comme une allusion au passé lorsqu'il te tend une plante d'intérieure. Il n'a pas oublié ton penchant pour les plantes exotiques et les mini arbres asiatiques. Tu te réveilles alors comme après avoir reçu un électro choc. « Oh, disons que je tente mais que ça donne rien. Euh entre, tu pourras fermer derrière toi ... ». Lui dis-tu tout en levant tes bras où la terre glaise avait déjà commencée à sécher. Tu jettes un coup d'oeil en direction du salon où le petit garçon de quatre ans était désormais caché derrière le canapé. Timide mais curieux à la fois. Tu ouvres l'eau chaude du robinet pour te laver les mains Fox t'ayant suivi jusqu'à la cuisine. Tu fermes le robinet d'eau, attrape un essuie main. « C'est gentil pour le geste, comme tu peux le voir ça n'a pas beaucoup changé non plus. ». C'est vrai, il y avait des plantes diverses et variées dans le logement. Inutile de demander comment il avait eu l'adresse, tu avais une idée sur la question déjà. Dissimulé derrière l'encadrement de la porte, Henry regardait étrangement votre invité surprise, difficile de ne pas faire le rapprochement – ou alors il fallait être aveugle. Tu sais qu'il choisirait ton moment pour entrer, il était comme le gamin réservé à souhait – hormis en présence de Simon. « Alors, tu voulais discuter de quoi? ». On ne peut plus gauche, tu l'étais ma fille quelque fois.